« Ces jeunes ont la dalle ils ont une chance à saisir »

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Dans le cadre de l’opération « 100 chances, 100 emplois », la réussite de jeunes issues des quartiers prioritaires et l’engagement des entreprises ont été mis hier à l’honneur.

Zacharie Gomes-Fidalgo sera bientôt le premier membre de sa famille à atteindre un tel niveau socio-professionnel. Gestionnaire de patrimoine au CIC, à 23 ans. Impensable il y a encore 3 ans. « Après mon bac en 2019 je ne savais pas quoi faire. Alors je suis allé à la mission locale », se souvient le jeune homme né dans une famille populaire du quartier de Saint-tronc (10e). Dans les locaux de l’institution, qui accompagne 21 000 jeunes chaque année à Marseille, l’étudiant tombe sur une formation prodiguée par des référents d’entreprises. « On les formait à faire un CV ou à préparer un entretien, précise Frédéric Degoutte, responsable des ressources humaines au CIC. Puis ils ont fini par devoir faire un pitch devant nous tous pour se présenter, et là j’ai craqué pour Zacharie, qui dégagait beaucoup de générosité, de sociabilité et qui faisait son discours sans aucune note, juste avec son portable.

572 jeunes mis en relation avec une entreprise

Trois ans plus tard, l’idylle entre leminot d’un quartier prioritaire de la ville et l’entreprise continue. Zacharie est désormais en licence, il vise le master puis un job dans la banque qui lui a donné sa chance et changé son destin. Hier soir justement la mission locale et la société Schneider Electric, qui fut à l’origine de l’initiative « 100 chances, 100 emplois » en 2004, mettaient à l’honneur, en mairie centrale, tant les jeunes que les boîtes partenaires qui jouent le jeu de la diversité.

A Marseille, l’opération lancée en 2012 a permis, en 10 ans, de mettre 572 jeunes en relation avec une entreprise. 84%, soit 482, ont connu une issue positive : ils sont désormais en CDI (112), en CDD de plus de 6 mois (162) ou en alternance (110) ou en formation (71). « Avoir des jeunes comme ça, ça rafraîchit nos équipes, ils ont la dalle parce qu’ils savent qu’ils ont une chance et qu’il faut la saisir », assure Jamil Gabsi, en charge du recrutement chez Groupama Méditerranée. Ceux qui rentrent dans nos entreprises ont vraiment la valeur travail, et ils deviennent même une vitrine dans leurs quartiers où les autres jeunes se rendent compte que c’est possible. » « Et puis nos clients sont de toutes les origines sociales donc nos équipes doivent leur ressembler », atteste de RH de la CIC.

Chez EDF, en Paca, « sur 500 alternants, 30% sont originaires des quartiers populaires, ça montre bien qu’on ne fait pas ça pour faire bien ! », ajoute Jean-Paul Romet, délégué emploi RSE. « C’est une opération qui n’est en effet pas dans le paraître, on a du concret, de réels débouchés », se félicite Stéphanie Orpano-Mathieu, directrice de la mission locale à Marseille, qui a lancé la manœuvre avec Didier Coulon, de Schneider Electric. Un trophée a été remis hier soir aux jeunes présents. Mais sans doute que leur plus belle récompense est celle d’avoir pu briser le plafond de verre, d’avoir pu surmonter un déterminisme local que certaines entreprises ont désormais aussi à coeur de ne plus accepter…

Article paru dans La Provence le 16 novembre 2022